Cher Journal...

Encore une journée pluvieuse. Je n'en peux plus ! J'ai juste envie de sortir, de trotter jusqu'au bois et de partir en rando avec nos compagnons de trail...
Mais non. Le ciel nous bombarde désespérément. Je regarde par la fenêtre, je pense à mon amour. C'est si long... Il me semble qu'il y a 10 ans que je ne l'ai pas vu !
Parfois je rêve à un long galop, tranquille d'abord, puis effréné, où on ne ferait qu'un. Je rêve de sentir l'odeur des feuilles, d'entendre les murmures des arbres se parlant entre eux. Quand je ferme les yeux, je peux presque percevoir l'appel des prés dehors, où la finne couche d'eau sur l'herbe reflèterait les rayons du soleil.

Mais mon dieu ! Je rêve ?! Une éclaircie ! Génial ! Oh j'espère qu'elle va bientôt arriver... OUI ! La voilà ! Ma petite Anne !

À nous les prés !

De ton tout dévoué,
Gandalf

c'est beau, tu devrais venir écrivaint.

Wow!! Fair-Play!!

Tu aurais dû continuer!! J'étais vraiment partit en te lisant et je voyais tout ce que tu écrivais! J'en voulais encore!

Beaucoup de talent Fair-Play !!!

Haha je vais poursuivre alors ! Dès que j'aurai quelque chose de nouveau !

J'étais tranquillement au pré, tirant à toute allure sur les pousses d'herbe légèrement jaunie (mais tellement savoureuse !), quand j'ai entendu un bruit de moteur. Mais pas un moteur que je connaissais - ni Richard dans sa luxueuse BMW, ni Joanie dans sa vieille Chevy, ni Anne dans la Vibe de ses parents. Une voiture inconnue est entrée dans la cour. Derrière son volant, une jeune femme blonde s'est stationnée devant l'écurie et est sortie. Les oreilles pointées, j'observais sa démarche lente et prudente, comme si chaque pas était calculé. Elle s'est arrêtée une fraction de seconde devant l'écurie, son rythme précis soudain hésitant. Mais elle s'y est engouffré. D'où j'étais, je pouvais entendre le bruit d'une porte de box, le tintement d'une laisse qui s'attache au licou, le martèlement des sabots sur le ciment, le cognement d'une boîte de pansage qu'on dépose sur le comptoir. C'était maintenant sûr : un cheval se faisait offrir un petit pansage par cette inconnue.

Quand, au bout d'une heure passée à discuter avec l'herbe tout en prêtant une oreille agacée au cheval choyé, la porte s'ouvrit, je fus perplexe. Joe Blondy Star, mon meilleur ami, était finnement pansé, la queue nattée et la crinière tressée. Sur son dos, selle et tapis formaient un ensemble parfaitement agencé à la bride. Ses polos tout propres serraient doucement ses vieilles jambes qui le portaient depuis 20 ans. Joe marchait avec entrain jusqu'au manège, où la belle inconnue le prépara à l'effort avec soin. Soudain, un éclair traversa ma mémoire. Audrey ! Bien sûr ! C'était donc elle, cette jeune femme qui l'avait conduit jusqu'en niveau 2 à Blainville, elle qui le connaissait si bien, elle qui l'avait acheté lorsqu'il était tout jeune. Et elle qui l'avait gentiment offert à Joanie, la meilleure amie de ma petite Anne, en demi-pension. Quelle surprise de la voir ! Car enfin, après la semi-retraire que Joe avait pris, à 15 ans, elle l'avait confié aux bons soins de mes logeurs et avait un peu disparu. J'étais arrivé plus tard, lorsque Joe avait 17 ans. À ce moment, Joanie l'avait reprit en main. Nous étions inséparables, lui et moi ! Le bon vieux Joe, calme et posé, mais toujours prêt pour un bon galop.
Une heure plus tard, il me rejoignait au pré. Content de te revoir, mon vieux ! Tu reprends du service ? Bon allez, on jasera plus tard. Je gage que je te clanche pour un sprint !

Haaa c'est tellement plaisant lire ton journal. T'es vraiment bonne Fair-play. Lorsque tu pourra ajoute une photo si tu veux, ça serait chouette .

"Allez le vieux, dérouille tes vieilles jambes de dresseux !"
" T'es pas gêné, l'grand ! Regarde moi ben aller !"

un délice..

C'est tout un compliment, venant d'une écrivaine comme toi Farouche !
Tu écris si bien... Je ne peux que me réjouir de lire ce simple mot !

Merci
J'aime beaucoup les écrivains qui "écrivent" bien: Philippe Claudel, Anna Gavalda entre autres.

En tout cas, continue, l'écriture se développe en écrivant. Avec le temps, on raffine son style et tout devient plus coulant. Finalement c'est comme l'équitation...au début on est maladroit, puis on suit des cours qu'on applique à la lettre. Ensuite, on intègre tout ce que l'on a appris et on laisse de la place à l'instinct. Finalement, on trouve sa manière à soi, qui se fait sans qu'on ait besoin d'y penser. Cela ne nous empêche certes pas de toujours nous améliorer. Le journal de Gandalf est tout à fait charmant !!!!

Ce que tu me dis me pousse encore plus à écrire !
Et en lisant ton merveilleux roman, il me rappelait tellement une nouvelle que j'ai écris l'an dernier.. Je t'en ferai part si ça t'intéresse ! Je trouve que nos deux pensées se rassemblaient beaucoup !

Bien sûr que ça m'intéresse.. tu peux l'envoyer par mp ou comme tu veux...

Super, cet écrit !

Ces derniers temps, je suis dans une forme d'enfer ! Le froid si énergisant fait fourmiller tout mon corps d'une excitation qui revient chaque année. Je peux imaginer le contraste entre la douceur laineuse de la neige et mes durs sabots chaussés de métal. Le petit ruisseau qui court le long du sentier principal est paralysé par une finne pellicule glacée. À voir sa surface si immobile, si inerte, comment pourrait-on deviner toute la vie qui se cache en dessous ? Tout le contraire de mon être, qui trahit mon énervement des pointes de mon toupet jusqu'aux bouts de mes fanons. Je veux sortir, je veux sortir, je veux sortir !
Oh ! J'entend des pas ! Avec le tintement caractéristique d'un lead chain qui balancerait dans la main, au rythme des pas. Normalement, ce claquement m'irrite par son bruit cru et sec. Mais aujourd'hui, rien ne m'avait jamais semblé aussi mélodieux que le bruit de cette chaîne en métal. Comme une symphonie grandiose, annoncant liberté et grand air.

Effectivement, la porte en bois s'ouvre sur la silhouette étonnament gonflée de ma petite cavalière. Elle a prit 15 livres en deux jours, dirait-on ! Ah, mais non, quel idiot je suis ! Ce sont ses épais vêtements d'hiver, puis-je constater en fourrant mon nez sous son bras. Elle prend son temps pour dégager mon long toupet de mes yeux, comme elle le fait toujours. J'apprécie la caresse, mais j'aimerais vraiment qu'elle accélère un peu le rythme ! Je veux revoir la neige, sentir ses chatouilles en y plongeant mon nez, être aveuglé par son miroir.
OUI ! Hourra, on sort enfin ! Je fais le beau, arquant l'encolure au point de frôler mon poitrail de mon souffle, levant les sabots pour taquiner la laine blanche sous moi. Dans quelques secondes, la barrière du pré s'ouvrira, ainsi cette blanche couverture et moi pourrons nous retrouver en dansant dans l'hiver.

Je lis le journal de Gandalf avec intérêt, grand intérêt.

Au fait, Gandalf est-il jaloux de ton amoureux? Peut-être ne le connait-il pas? Ah non, ils ont dû se rencontrer et Gandalf a dû comprendre...

Merci beaucoup Farouche !
Haha oui Gandalf est extrêmement jaloux ! Je dois m'occuper de LUI uniquement ! Ils ont eu l'occasion de se rencontrer cette semaine, et ils s'entendent bien !

Wow super ! J'adore ton dernier texte !

La neige répond Présente ! dans mon domaine aux arbres de glace. Depuis deux semaines, plus d'herbe, impossible d'en dénicher, même en râclant obstinément le sol glacé. Alors, Anne me change les idées. J'ai eu droit à un pansage presque interminable ce samedi. Elle m'a ensuite équipé de mes quatre beaux polos marines, de mon tapis gris sombre et de ma selle. J'étais un peu las à l'idée d'une longue heure de travail, où on me demanderait incurvations, cessions, flexions, transitions, bref, tous les ions possibles ! Mais Anne m'a simplement amené au manège avec mon licou cordé noir et blanc, et on a travaillé. D'une autre façon.

J'ai compris bien des choses : quand ma petite cavalière est postée au milieu d'un cercle, je dois tourner autour, même quand elle ne me demande rien et qu'il n'y a pas de longe qui nous relie. De toute façon, j'aime être près d'elle, alors pourquoi courir au loin ? J'ai aussi assimilé comment rester sur place ou venir à elle sur ordre vocal, comment croiser les antérieurs, déplacer les hanches, lever les sabots pour imiter le pas espagnol, et même ! saluer le tout par un début de révérence, résultat quasi exceptionnel pour un grand gaillard un peu raide. Au pas, au trot, au galop. Je tournoyais autour de mon amie. Au pas, au trot, au galop. Je la talonnais lorsqu'elle s'éloignait. Au pas, au trot, au galop. Je venais à elle lorsqu'elle m'appelait.

Elle m'a même monté en licou, et je l'ai remerciée d'avoir pris ça relax. Bien placé, j'ai pu prouver qu'un Canadien en dressage, c'est magnifique.
Et surtout, qu'un mors ne change pas grand chose à une séance d'inter compréhension.

ce qu'il est beau ton bonhomme

j'aime beaucoup la façon dont tu raconte vos aventures c'est super a lire

Merci beaucoup Jess !
Et tu vois que tu avais raison ! Je travaille beaucoup plus au sol désormais, et je commence à apprendre bien des choses. Ma dernière phrase parle beaucoup !

si j'ai pu te donner cette envie tu peux pas savoir quel plaisir sa me fait

Haaaa que j'aime lire ton journal lol
Il est vraiment magnifique ton grand avec ce licou noir et blanc hihi

Super tes histoires!! C'est vraiment très intéressant à lire! J'adore ça!! Ton Gandalf est vraiment très beau!